Ben oui, une fois n'est pas coutume, on ne parlera pas de vélo dans cette rubrique. De toute façon, comme c'est moi le chef sur ce forum, je pourrais aussi bien mettre des recettes de cuisine ou une rubrique sur la technique du point de croix, personne ne pourrait m'en empêcher
Alors, voici mon récit. ça fait qd même un petit moment que j'avais cet objectif en tête : Le Défi Monte Cristo, "le vrai", c'est 5 bornes entre le château d'If et la plage du Prado. Prudent, je me suis dit que la 1ère année, c'était plus prudent de me contenter du 2 km, un parcours "triangulaire" entre des bouées, départ et arrivée sur la plage.
Si je me suis entraîné assez régulièrement toute l'année (2 séances de piscine par semaine), ma préparation "en mer" a été un peu légère à cause d'une météo capricieuse... parce que l'eau à 16° des calanques de Cassis, même pas je me laverais les mains avec! Bref, c'est avec pas mal d'appréhension que je vois se profiler cette épreuve depuis qq jours.
En guise "d'échauffement", ce matin je suis allé aider une copine à déménager. Le top, non?
C'est donc le dos en compote, l'épaule droite
"couinante" que je vais retirer mon dossard... oups... mon bonnet, et mon bracelet.
Le départ est programmé à 15h30, je me pointe donc à 15h, me change, le temps de faire connaissance de deux Grenoblois sympas qui eux aussi font le Défi pour la 1ère fois. Nous allons tous les 3 déposer nos affaires à la "consigne" et là, qui vois-je? Ce gars, la... le grand! Mais ouiiiiii! vous le connaissez! Comment il s'appelle déja? Il pédalait avec nous avant? Y'a longteeeemmmmmps! IL avait un vélo Décathlon et une grosse sacoche jaune fluo? Vous vous souvenez?... Christophe!!! Il s'appelait Christophe! Ben voila, je rencontre Christophe!!!!! Et Madame! Il est là, trankilou (mais habillé), venu faire un petit coucou!
Au passage, il remarque que tout le monde a un bonnet jaune.. sauf moi, qui ai un bonnet vert. Sprinter un jour, sprinter toujours... on ne se refait pas
Mais place à la course : juste après le briefing d'avant-course Putain... y'a 3 bouées à viser, le mec nous explique pendant 10 minutes! Si on lui fait faire le briefing du Vendée Globe, il lui faut 15 jours!!!
Allez, tout le monde dans le "sas" de départ, et go! On vise la 1ère bouée, au bout de la jetée. L'eau est à 21°, pas de souci. Par contre, dans l'eau, c'est la guerre!!! Coups de coudes, coups de pieds, tirage de maillot (de bain!)... je lutte pour survivre et préfère prendre une trajectoire "large", à l'écart de la masse, et tant pis si je fais quelques dizaines de mètres en plus.
J'arrive à la première bouée que je contourne sur mon épaule droite, et cap vers le nord-ouest. La jetée ne nous protège plus du tout. D'énormes vagues nous arrivent par la gauche, il faut donc adapter sa nage et sa respiration pour éviter de boire la tasse. Nous longeons la base nautique (là où il y a le Palm Beach) pour viser une lointaine bouée orange. Cette portion n'en finit plus. Les courants, les vagues et le vent ne sont pas favorables, c'est vraiment la galère. Je commence à avoir un point de côté, du coup de nage en brasse de temps en temps... et me surprends à dépasser quelques concurrents : en brassant, ça permet de glisser sous les vagues, et donc d'éviter de perdre de la vitesse. Mais bon, j'ai bien calmé l'allure, car je n'en suis pas encore à la moitié.
La fameuse seconde bouée, orange, est enfin là. Je la contourne sur mon épaule gauche, et cap sur la 3ème bouée, orange aussi, qui est à l'ouest (direction "le large" donc). Vagues en plein dans la gueule, heureusement que cette portion est assez courte. Mais curieusement, je me sens un peu mieux. J'ai pris un rythme. Ce rythme qu'en vélo on appelle "rouler à son train" dans les longs cols, quand on se met à mouliner, et qu'on a l'impression de ne plus être en train de piocher dans les réserves. Bref, la 3ème bouée arrive assez vite, et je la contourne sur mon épaule gauche, avant de mettre cap au sud-est, vent/vagues/courants dans le dos. Il s'agit de retrouver la 1ère bouée, celle qui était au bout de la jetée.
Je me sens bien. J'ai beaucoup "géré" jusque là, car je roulais dans l'inconnue. Là, je me sens un peu comme si j'étais sur le plateau de Carpiagne dans Les Bosses : le plus dur est fait, y'a plus qu'à envoyer des watts. A vélo, met la plaque et on écrase les pédales. En natation, on allonge les bras pour aller chercher l'eau plus loin, et on "envoie des jambes". Comme un bateau à aubes, mes grands leviers se mettent à tourner de façon quasi mécanique. Les vagues désormais dans le dos, ne me cassent plus l'allure. Je peux donc conserver ma vitesse. Visiblement ce n'est pas le cas pour tout le monde, certains ont été un peu optimistes parce que je les double assez facilement. Ce "retour" me semble durer 2 fois moins longtemps que l'aller. C'est peut-être le cas d'ailleurs.
La 1ère bouée, la jaune, est là devant moi. Je la contourne par sa droite et me retrouve face au "village" d'arrivée. Il doit rester 150m à parcourir. Plus trop de vagues, car la jetée nous protège, y'a plus trop à calculer, alors gaaaaaaz! Je ne sais pas pourquoi je fonctionne comme ça. Habitude du sprint de Magali? Masochisme? Le fait est que j'ai BESOIN, quand je fais du sport, d'être MORT à la fin, sinon je ne suis pas content. Alors pas question de fiir en roue libre : je vois les tentes blanches sur la plage, et j'accélère, j'accélère (enfin.. c'est l'impression que j'ai, si ça se trouve je me traine comme une grosse merde!), je dépasse quelques concurrents (qui doivent me prendre pour un débile... les premiers sont arrivés depuis bien longtemps!) et j'arrive enfin dans le sas de départ/arrivée. Avec toutes ces vagues qui m'ont secoué, j'ai du mal à tenir sur mes jambes ; un gars de KMS me scanne le bracelet, une nana me l'arrache pour le mettre dans un grand sac.
ça y est, c'est fini. En zigzagant, je me traine jusqu'au ravito. Du 4 quarts, du chocolat et SURTOUT... de l'eau non salée! rhaaaaa, comme c'est booooon
Je retrouve mes 2 compères Grenoblois, Pierre et Eddy. Nous cherchons nos classements : nous nous tenons en 5 ou 6 places, tous en 36 minutes et des poussières (enfin.. moi j'ai 50 secondes de poussières qd même
) et je crois que je finis dans les 100 premiers (99ème en fait
). Gavé d'endorphines, j'assiste à la remise des récompenses aux vainqueurs (23 minutes... ça calme!!!), et je suis plutôt content de moi, car je tablais sur 40 minutes comme objectif.
L'an prochain, je pense me faire le "vrai" Défi. Véro, Robert, Christophe, Dan (et les autres cyclo-nageurs), vous vous sentez de m'accompagner?